Face à une crise monétaire, les ménages ont tendance à réduire leur consommation. Mais c'est l'inverse qui se produit en Russie, où la chute du rouble a provoqué un rebond des achats.
La situation que traverse la Russie est pour le moins paradoxale. En effet, la baisse de la valeur du rouble provoque un important mouvement de consommation au niveau des habitants de ce pays qui se précipitent pour acquérir des équipements tels que des véhicules, du mobilier ou encore du matériel électrique.
En principe, l'effondrement du rouble devrait entraîner une baisse du pouvoir d'achat des ménages, d'autant que le taux d'inflation devrait tomber à 10% avant la fin de l'année. Depuis début 2014, le rouble a perdu 1/3 de sa valeur face à l'euro. Cela s'explique notamment par la chute des prix du pétrole, ainsi que par la crise actuelle en Ukraine. Ainsi, au lieu de garder leur argent entre les mains, les consommateurs russes affluent vers les grands hypermarchés pour effectuer leurs achats à moindre coût. Par exemple, il y avait tellement de clients aux portes des magasins Ikea qu'il y avait des files d'attente qui duraient plusieurs heures. Ils ont été littéralement submergés par cette clientèle qui s'est empressée de faire ses achats avant que les prix ne s'envolent.
Et pour cause, le groupe avait annoncé début décembre que les prix remonteraient, en raison de la chute profonde du rouble, qui a perdu un tiers de sa valeur face à la monnaie européenne.
Du côté d'Apple, les prix avaient nettement augmenté du jour au lendemain, sans même que les consommateurs s'en rendent compte. Ainsi, les prix de produits comme l'iPhone et l'iPad ont augmenté en moyenne de 20% fin novembre, alors que certains fans de la marque avaient déjà effectué leurs achats plus tôt, lorsqu'ils avaient remarqué une forte baisse des prix par rapport à ceux qui sont pratiqués en Europe.
Il convient de noter que les Russes sont désormais habitués aux fluctuations monétaires en raison des différentes crises financières que le pays a connues au cours des 25 dernières années. L'économiste Igor Nikolayev commente à cet égard que la Russie se démarque des autres pays à cet égard, décrivant la fièvre des consommateurs causée par la dépréciation du rouble comme une attitude rationnelle. Certains médias, comme le quotidien Argumenty i Fakty, ont même conseillé à leurs lecteurs de faire le plein de denrées non périssables, de vêtements, d'équipements électroniques, de produits importés et de voitures avant les fêtes de fin d'année.
L'analyste de FBK ajoute que ce mouvement s'observerait encore un mois ou deux, le temps que les consommateurs russes terminent leurs réservations. C'est aussi une bonne solution pour éviter que votre épargne ne disparaisse, d'autant plus que le gouvernement de Vladimir Poutine envisage déjà une récession l'année prochaine.
